Source d’enseignement, l’architecture traditionnelle raconte notre histoire. A nous de l’interroger.

15% de l’ensemble du patrimoine architectural français est en terre crue

Les bâtiments en terre crue sont révélateurs des caractères identitaires de nos territoires ; ils présentent une haute valeur culturelle et environnementale.

Les plus anciennes traces d’établissement humain connu en Europe se situent autour du bassin méditerranéen et datent du VIème millénaire av. JC. (côtes de la mer Égée). Faites en clayonnage de bois et de terre, on voit très vite apparaître la brique de terre crue. La technique du pisé se développe vers le IVème-IIIème siècle av. JC. Dans les régions d’Europe du Nord, les constructions sont façonnées de bois et de terre. On les retrouve dès l’âge du bronze, c’est-à-dire 1800-750 av. JC. (faciès culturel danubien Europe centrale). « A l’âge du fer (750-50 av. JC.), les territoires celto-gaulois avaient développé un habitat en oppidums, petites maisons de bois et de torchis, de bauge. En Gaule méditerranéenne, les influences helléniques et carthaginoises avaient introduit la brique crue et le pisé » (source : CRAterre. Traité de construction en terre. Édition Parenthèse – 2006). En France, la diversité géologique et géographique a permis le développement d’une grande variété de techniques, mêlant étroitement pédologie, art de construire et influence des courants culturels majeurs. L’observation et l’étude des architectures de terre anciennes (avant 1970) ont permis d’établir une carte de répartition de modes de construction principalement utilisés en France. Cette carte reflète l’état actuel de nos connaissances. Si la terre crue fut de tout temps utilisée, elle connaît des périodes de fluctuations importantes. Tandis que le pan de bois – torchis reste majoritaire au Moyen-Age avec un développement de l’art de la charpente porté à son apogée (colombage à bois court), le XVIIIème et le XIXème siècles marquent un véritable renouveau de l’utilisation de la terre crue selon des modes de construction variés. Elle reste employée jusque dans les années 1950, au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale ; mais disparaît sous la pression d’un nouveau modèle économique avec le développement des matériaux industrialisés. La première crise énergétique des années 1970 favorise le développement d’une réflexion approfondie sur l’importance et l’opportunité de l’utilisation de ce matériau avec des expérimentations qui forment le socle de notre connaissance actuelle (Domaine de la terre à Villefontaine – 69). Aujourd’hui, on assiste à un véritable renouveau de son utilisation puisqu’elle s’invite au cœur des débats environnementaux.

Les quatre principales techniques traditionnelles : le pisé, l’adobe, la bauge et le torchis

Le pisé : procédé qui consiste à construire des murs massifs de plus de 50 centimètres d’épaisseur par le compactage de couches successives de terre meuble dans un coffrage en bois. La terre, contenant beaucoup d’éléments grossiers (cailloux et/ou graviers), est souvent prélevée au printemps ou en automne car elle contient assez d’eau pour être mise en œuvre directement. Elle est déversée dans le coffrage par couche successive d’environ 20 centimètres de hauteur, puis tassée à la dame ou au pisoir pour former une banche d’environ 80 centimètres, de la hauteur du coffrage. Le coffrage est déplacé aussitôt pour la banchée suivante.

L’adobe : brique de terre crue, moulée et séchée à l’air. Elle peut comporter des fibres dans certaines régions. A la différence de la brique de terre cuite, elle ne subit aucune cuisson. On obtient des modules de dimensions variables qui permettent de construire des murs, des piliers, des arcs, des voûtes ou des coupoles.

baugeLa bauge : technique qui consiste à monter des murs massifs en terre par l’empilement de fourchées d’un mélange plastique de terre, de fibres et d’eau. Les murs, composés de levées successives de 60 à 80 centimètres de hauteur ont une largeur de 50 à 60 centimètres. Les parements sont ensuite frappés au bâton et retaillés avec un outil tranchant.

torchis-1Le torchis : technique de remplissage d’une structure porteuse en pans de bois au moyen d’un mélange de terre et de fibres végétales plus ou moins longues. Le torchis est posé sur une structure d’accroche, elle-même fixée au pan de bois. Cette technique est la plus répandue dans le département du Pas-de-Calais.

Textes rédigés par Maisons Paysannes de France 62 et le Parc naturel régional des Caps et Marais d’Opale pour le compte du Groupe Torchis – Terre crue